- Ouvrez-moi, dit M.Jo, très doucement. Je ne vous toucherai pas, je ne ferai pas un pas, simplement je vous regarderai, ouvrez-moi.
Suzanne s'immobilisa et fixa la porte de la cabine obscure derrière laquelle se tenait M.Jo. Aucun homme ne l'avait vue vraiment nue, sauf Joseph qui montait quelques fois se laver les pieds au moment où elle prenait son bain. Mais comme ça n'avait jamais cessé de se produire depuis qu'ils étaient tout petits, ça ne pouvait pas compter. Suzanne se regarda bien, des pieds à la tête, regarda longuement ce que M.Jo lui demandait de regarder à son tour. Surprise, elle se mit à sourire sans répondre.
- Rien que le temps de vous voir, soupira M.Jo, Joseph et votre mère sont de l'autre côté. Je vous en supplie.
- Je ne veux pas, dit faiblement Suzanne.
- Pourquoi ? Pourquoi ma petite Suzanne ? J'ai tellement envie de vous voir, à force de rester près de vous toute la journée. Rien qu'une seconde.
Immobile, Suzanne attendait toujours de savoir s'il le fallait. Le refus était sorti d'elle machinalement. Ç'avait été non. D'abord, non, impérieusement. Mais M.Jo suppliait encore tandis que ce non lentement s'inversait et que Suzanne, inerte, emmurée, se laissait faire. Il avait très envie de la voir. Quand même c'était là l'envie d'un homme. Elle, elle était là aussi, bonne à être vue, et il n'y avait que la porte à ouvrir. Et aucun homme au monde n'avait ecore vu celle qui se tenait derrière cette porte. Ce n'était pas fait pour être caché mais au contraire pour être vu et faire son chemin de par le monde, le monde auquel appartenait quand même celui-là, ce M.Jo. Mais c'est lorsqu'elle fut sur le point d'ouvrir la porte de la cabine obscure pour que pénètre le regard de M.Jo et que la lumière se fasse enfin sur ce mystère, que M.Jo parla du phonographe.
- Demain vous aurez votre phonographe, dit M.Jo. Dès demain un magnifique Voix de son Maître. Ma petite Suzanne chérie, ouvrez une seconde et vous aurez votre phono.
C'est ainsi qu'au moment où elle allait ouvrir et se donner au monde, le monde la prostitua. La main sur le loquet, elle arrêta son geste.
- Vous êtes une ordure, dit-elle faiblement. Joseph a raison, une ordure.
Je vais lui cracher à la figure. Elle ouvrit et le crachat lui resta dans la bouche. Ce n'était pas la peine. C'était la déveine, ce M. Jo, la déveine, comme les barrages, le cheval qui crevait, ce n'était personne, seulement la déveine.
- Voilà, dit-elle, et je vous emmerde avec mon corps nu.
--- Un barrage contre le pacifique / Marguerite Duras
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