"She must either suffer or lie to herself. Most often she clutches at the straw of falsehood. She fancies that the man’s love is the exact counterpart of the love she brings to him; in bad faith she takes desire for love, erection for desire, love for a religion. She compels the man to lie to her: 'Do you love me? As much as yesterday? Will you always love me?' and so on. She cleverly poses her questions at a moment when there is not time enough to give properly qualified and sincere answers, or more especially when circumstances prevent any response; she asks her insistent questions in the course of a sexual embrace, at the verge of a convalescence, in the midst of sobs, or on a railroad platform. She makes trophies of the extorted replies; and if there are no replies, she takes silence to mean what she wishes; every woman in love is more or less a paranoiac"
"Il faut donc qu’elle souffre, ou qu’elle se mente. Le plus souvent, elle s’agrippe d’abord au mensonge. Elle imagine l’amour de l’homme comme l’exacte contrepartie de celui qu’elle lui porte ; elle prend avec mauvaise foi le désir pour de l’amour, l’érection pour le désir, l’amour pour une religion. Elle force l’homme à lui mentir : Tu m’aimes ? Autant qu’hier ? Tu m’aimeras toujours ? Adroitement, elle pose les questions au moment où le temps manque pour donner des réponses nuancées et sincères, ou bien où les circonstances les interdisent ; c’est au cours de l’étreinte amoureuse, à l’orée d’une convalescence, dans les sanglots ou sur le quai d’une gare qu’elle interroge impérieusement ; des réponses arrachées, elle fait des trophées ; et, faute de réponses, elle fait parler les silences ; toute véritable amoureuse est plus ou moins paranoïaque"
--- Le Deuxième Sexe (The Second Sex) / Simone de Beauvoir